dimanche 27 juillet 2008

Fidji Time

Plus officiel que le méridien de Greenwich, le Fidji Time est revendiqué fièrement par ces insulaires relax. Les touristes sont prévenus des leur arrivée, le Fidji Time est de rigueur, ça ne sert a rien de s’énerver. Mais pour vraiment comprendre de quoi il s’agit, quelques semaines sur place peuvent s’avérer utiles. Nous vous l’affirmons, après 2 mois de vie dans cette partie du monde, nous avons compris l’ampleur du phénomène. Des exemples pour vous éclairer.

Attendre. Le jour de notre arrivée, une navette était prévue pour nous emmener de l’aéroport à l’auberge ou nous avions prévu de passer notre première nuit. Nous trouvons quelqu’un qui semble au courant, il nous indique un banc dans l’aéroport et nous dit que la navette va arriver. Alors nous attendons. Le temps passe, et hormis les charmants employés d’aéroport qui jouent avec Adrien, nous ne voyons personne. Nous nous excitons un peu, tout le monde sourit en nous disant que la navette va « bientôt » arriver. Finalement, deux heures d’attente nous aurons récompensés et notre navette nous a amené à bon port. Première journée dans le pays, directement mis au rythme local !

Aller en ville. Depuis le terrain de Cendrine et Ben, il y a plusieurs possibilités pour se rendre en ville. Soit on traverse le marais a pieds (30 min de marche) pour aller a l’arrêt de bus de Tuvurara et attendre le passage du bus (jamais très précis) qui prend environ 1h30 jusqu'à Savusavu. Soit on va en bateau jusqu'à Tuvurara par la rivière et on prend le bus. Il y a aussi moyen de réserver un Van qui vient alors nous chercher a Tuvurara et nous emmène a la ville en environ 1h. Soit encore nous pouvons prendre le bateau jusqu'à chez Dan, un voisin, et continuer avec lui, en bus ou en Van, Enfin, il y a moyen de traverser la baie en bateau jusqu'à Savusavu, mais il faut pour cela que la mer soit calme. Quelque soit le moyen utilisé, nous arrivons en ville boueux, mouillés, très décoiffés (les bus n’ont pas de vitres), ou les trois a la fois. Nous sommes 7 à vivre chez Cendrine et Ben, et a part des œufs et des papayes, il n’y a pas grand-chose à manger sur place. D’où l’utilité d’aller régulièrement en ville faire des provisions. Nous sommes en saison sèche, mais il pleut énormément (le dérèglement climatique est planétaire) et la mer est très agitée. Pas vraiment moyen de faire une grande traversée en bateau en ce moment.
Ce matin-la ou se situe mon récit, le temps était superbe et la mer d’un calme plat - littéralement. Nous prévoyions de nous rendre en ville « juste la matinée » pour faire quelques courses. Le plan est simple : nous passons prendre Dan et Vina et traversons la baie, faisons nos courses et rentrons. 30min par trajet, 2h de courses maximum, cool. Nous embarquons donc vers 7h30, et en arrivant chez Dan, le moteur du bateau lache. Pas moyen de le réparer, nous débarquons et allons a pieds jusque chez un autre voisin. La, nous embarquons dans un camion d’indien qui se rendent en ville, camion plein de sac de coco, dans lequel nous nous entassons tout juste. Apres une bonne heure de route, nous arrivons a l’usine pour débarquer les sacs de coco et y passons près d’une heure (pourquoi ?) avant de reprendre la route. Seconde escale dans un garage, et nous arrivons en ville vers 11h, soit plus de 3 heures après avoir quitté le terrain. Hum… Nous y restons donc pour y manger. Pour le retour, nous prenons un Van jusque chez Dan et Vina, mais la pluie arrive, terriblement forte et nous restons chez eux a la regarder tomber, en dégustant thé et gâteau. Quand cela se calme enfin, la marée est trop basse pour que Dan nous reconduise avec son bateau et nous partons donc a pieds, longeant la plage, traversant la foret… Partis tôt pour la matinée, nous sommes de retour a 16h et n’avons eu que peu de temps en ville !
Un autre jour, nous devions juste aller voir le médecin pour un pied (le mien) qui s’infectait. Partis de bonne heure en bateau jusqu'à Tuvurara, nous avons traversé le village le plus vite possible pour être certains de ne pas manquer le bus de 7h30, alors qu’il était déjà 7h50. Sur le chemin, nous voyons un bus dans le fossé… et croisons les doigts pour que ce ne soit pas le notre. Les indiens du village sont accroupis autour, parlementant sérieusement sur les moyens de le faire sortir de la. Nous poursuivons notre route jusqu'à l’arrêt de bus et, super, le bus arrive (vers 8h15). Il nous empêche de monter et manœuvre lourdement pour se mettre devant le bus du ravin afin que les indiens les relient. C’est de la folie, pensons-nous, le premier bus est plein, beaucoup trop lourd et la route est boueuse. Il essaye quand même et patine, menaçant dangereusement de rejoindre le premier bus dans le ravin. Le chauffeur jure (enfin, nous supposons…) s’énerve, on détache les bus et nous montons a bord. Le chauffeur et les indiens se parle vivement en faisant de grands gestes… nous nous éloignons et arrivons enfin à Savusavu, plus de 2h30 après avoir quitté le terrain. Pour le retour, pas de bus (celui de 14h est toujours dans le ravin, et bien sur n’a pas de remplaçant), nous sommes obligés de prendre un Van, nous rentrons dans des délais raisonnables.
Cendrine et Ben ont depuis peu une moto, heureux d’être indépendants des bus et des marées pour se rendre en ville. Le premier jour ou Ben a enfin ses plaques d’immatriculation, il prend la route avec Nicolas et après avoir patiné, s’être embourbé, être tombé dans une rivière a cause de l’état lamentable des ponts, il est tombé en panne (problème moteur). Vite secouru par un ami connaisseur, ils sont arrivés en ville près de 2h après avoir quitté le terrain.
Pour votre information, Savusavu se trouve à 18km du terrain à vol d’oiseau, 40 km par la route….

Les géomètres. Ben et Cendrine avaient besoin de géomètres pour faire un relevé topographique précis de leur terrain. Lors de la signature du contrat au bureau, le responsable leur avait assuré que deux jours leur suffiraient pour arriver au bout du travail. Etant en début de semaine, nous avons tous supposé que les géomètres arriveraient vite et auraient fini avant le week-end. Nous apprenons finalement qu’ils ne viendront que le vendredi et le lundi. Le vendredi matin : personne. Bon… on ne s’agite pas. Le lundi matin : toujours personne. Ben téléphone : le type dit que non, il n’y a pas de problèmes, les géomètres arriveront le lendemain. Le mardi, ils arrivent en fin de matinée travaillent un peu, chipotent, papotent pour finalement nous annoncer qu’ils n’ont pas le matériel nécessaire avec eux, qu’il faudra qu’ils reviennent. Ils ne reviennent que le vendredi en fin de matinée et, a peine arrivés, une tempête se déclare. Ils se mettent a l’abri, et le temps que cela se calme un peu, cela ne vaut pus la peine de se mettre au travail, ils repartent. Le mardi d’après, ils arrivent vers 15h et travaillent –efficacement semble-t-il – plus d’une heure avant de partir. Ce jour-là, Ben et Cendrine ont décidé de les virer… et Dimitri et moi sommes impressionnés par leur patience !



Ces quelques exemples illustrent bien le mode de vie que nous sommes tous obligés d’adopter : relax. On ne s’énerve pas : on sait quand on part, pas quand on arrivera à destination, on sait quand un travail est décidé, pas quand il sera commencé et encore moins terminé. Dans ces conditions de vie, pas étonnant que le Resort de Cendrine et Ben soit encore loin d’ouvrir ses portes aux touristes…

vendredi 11 juillet 2008

Home made.




















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Chers amis lecteurs,

Cette fois, nous avons une bonne et une mauvaise nouvelle a vous annoncer. Commençons par la mauvaise, si vous le voulez bien : ce blog vit ses dernières semaines et ses derniers articles. La cause ? C’est la bonne nouvelle : nous rentrons en Belgique ! Nous aimons toujours autant voyager, et nous voyagerons encore. Quand on est atteint par ce virus de l’aventure, c’est incurable. Pourquoi voulons-nous rentrer maintenant, alors que nous avons encore tant à voir, tellement envie de découvrir d’autres horizons, d’autres cultures et rencontrer encore et toujours les habitants de ce vaste monde ? C’est qu’un an sur les routes, c’est déjà pas mal. Ce qu’il y a surtout, c’est vous, nos amis lecteurs. Amis, mais aussi famille justement. Vous nous manquez sérieusement ! Etre loin des siens dans les joies, bonnes nouvelles et belles expériences de vie, ce n’est pas toujours évident. Mais être loin de ceux qu’on aime quand ces derniers vivent des épreuves, des drames, des déchirements, c’est insupportable. Nous rentrons donc, pour être auprès de ceux que nous aimons et tenter de les réconforter dans leurs épreuves. Mais aussi pour être près de vous, de toi qui lis ces lignes en ce moment, et vous raconter encore nos aventures, mais surtout vous écouter raconter celles qui ont constitue votre quotidien pendant ces longs mois. D’autre part, il est temps pour Adrien de rencontrer ses grands-parents, oncles et tantes, cousins lointains,…

N’ajoutons pas –c’est tellement évident !- qu’il y a d’autres petites choses : le chocolat belge, les croissants, la bière, les fondues et raclettes, le ciel gris, la Grand Place de Bruxelles, le magasin de bonbon de Namur, la politique, les guindailles avec les potes, être blanc parmi les blancs (quoique…), les chocolatiers de la place du Sablon, la déclaration d’impôts, les baraques a frites, la dérision, les grèves des transports en commun, le chocolat chaud, des amis pour Adrien, un chez-nous a nous, le cinéma, les gaufres de Bruxelles et de Liège, les chokotoffs, les BD, les embouteillages, les festivals, le saucisson, les soirées jeux de sociétés entre amis, le pessimisme, la gentillesse, le bon pain, le matérialisme, le sirop de Liège, le fromage, la mer du nord, les crevettes, les cuistax…