Nous sommes arrivés depuis trois semaines dans ce beau pays et sommes si occupés que le temps passe à toute vitesse ! Il n’a pas fallu deux jours pour que nous nous sentions chez nous et nous avons vite commencé à explorer la ville, mais à petite dose : entre la préparation de la rentrée (réunions !), le début des cours, l’arrivée de nos malles, la demande de visa résident, l’inscription à l’ambassade de Belgique, l’achat de carte de gsm, la recherche d’école pour Adrien, l’ouverture d’un compte dans une banque rwandaise, … nous n’avons eu que peu de temps pour nous promener. Nos excursions n’ont eu qu’un but jusqu’ici : notre approvisionnement.
L’essentiel à la survie de tout individu sur cette Terre est l’eau. Première préoccupation donc. Certains achètent des bidons, d’autre la font bouillir avant de la filtrer, d’autre enfin ne font que la filtrer. Au début, nous avons appliqué la méthode lourde pour finalement laisser tomber le passage sur le feu-trop long, trop ennuyeux. Une semaine d’eau simplement filtrée : tout va bien ! Il faut dire qu’elle empeste le chlore de façon évidente, je ne sais pas s’il y aurait même un risque de la boire telle quelle (le mauvais goût…). L’important dans ce genre de pays est aussi son stockage : des bouteilles en verre pleine en permanence d’eau filtrée, deux gros bidons d’eau à filtrer dans la réserve nous garantissent une survie de quelques jours en cas de coupures d’eau (fréquentes).
Une fois abreuvé d’eau fraîche, l’être humain peut se consacrer à une autre de ses occupations principales: la recherche de nourriture. Nous avons commencé par faire connaissance avec le Nakumat : un super marché ouvert 24h/24 à 10 minutes à pieds d’ici. On y trouve beaucoup de choses dont du « Côte d’or » et autres délices, mais rien de vraiment typique et le tout assez cher. Nous sommes ensuite descendus de la colline pour aller à La Galette. Même principe mais avec plus de produits locaux et une excellente boulangerie. Le passage des belge a tout de même laissé de bonnes recettes de pains et croissants. Entre-temps, nous avons fait connaissance avec les vendeurs de rue du quartier et leur avons acheté des kilos de Maracujas jaunes et noirs (fruits de la passion). Un régal ! Depuis, ces vendeurs nous proposent de tout, surtout ce qui est « introuvable » au Rwanda : artichauts, chicons, fraises… mais où se fournissent-ils ? Voilà un grand mystère à résoudre. L’ennui pour eux, c’est que nous connaissons les prix du marché ; hors de question donc de payer 5 fois le prix, comme ils nous le demandent… Dimanche dernier, notre jardinier Manu nous a emmenés au plus grand marché de la ville, à Kimironko. Les quelques centaines de personnes présentes se sont arrêtées un moment de parler pour nous voir débarquer : quatre Muzungus (blancs) dont deux enfants ! Le plus impressionnant pour eux, c’est que Dimitri porte Adrien sur le dos. En 15 jours, nous n’avons pas vu un seul homme porter un enfant ou même le tenir par la main- c’est le rôle des femmes. Ceux qui s’en s’ont remis ont fini par rigoler car je portais Lucie sur le ventre. Il va falloir que je me procure un pagne, et vite, afin de me mettre aux habitudes locales et « passer inaperçue ». Adrien et Lucie, sociables comme toujours, ont passé leur temps l’un à saluer et donner la main, l’autre à regarder et sourire à tout le monde. Manu marchandait tout les prix pour nous et finissait en nous annonçant un « bon prix » pour la marchandise. Avec notre aller et retour en bus local, cela nous a fait une grande matinée rwandaise, quel bonheur ! Décision est prise de nous nourrir de produits frais du marché.
Autre soucis naturel, décuplé dans un pays étranger : la santé. Tout individu se préoccupe de son bien-être, au moins un minimum, mais les jeunes parents font de la santé de leurs enfants une priorité. Avant de partir, nous nous sommes constitué une vraie pharmacie homéopathique et avons longuement interrogé notre médecin sur les traitements à prendre dans différents cas. Par exemple, nous nous étions promis de ne pas nous inquiéter en-dessous de 38.5 de température. Mais quand après une semaine seulement Adrien a tout à coup eu 38, nous n’avons pas hésité à appeler le médecin agréé par l’Ambassade de Belgique qui, compréhensif, nous a donné un rendez-vous directement. Premier examen pour Adrien : la malaria. Une goutte de sang et dix minutes plus tard, nous étions soulagés. De toute façon, le temps d’incubation est de 15 jours, mais mieux vaut être prudent, surtout avec les enfants. Examen classique et diagnostique : un rhume. Nous nous sommes sentis très bêtes, mais le médecin en a vu d’autres, des jeunes parents fraîchement arrivés qui paniquent !
Préoccupation des temps moderne : l’électricité et le gaz. L’électricité s’achète d’avance, comme les cartes de gsm prépayées. Nous avons un compteur qui nous permet de contrôler notre consommation d’énergie. Ainsi, nous avons débranché le chauffe-eau et nous lavons à l’eau froide. Nous avons trouvé un lave-linge d’occasion, et n’utilisons aucun électroménager. Même l’ordinateur, portable, consomme moins qu’une tour. Ecologie, quand tu nous tiens… Nous avons demandé à l’école de remplacer la cuisinière électrique par une cuisinière au gaz, ce qui nous a donné un prétexte pour une nouvelle promenade dans le quartier pour trouver une bombonne. Pour toutes ces recherches, nous avons l’aide de Manu, qui donne les adresses, accompagne, porte les poids lourds… Quelle aide précieuse ! Pour Internet Dimitri a dû se débrouiller seul et courir d’un bout à l’autre de la ville avant que ça ne marche. Cela nous a rappelé étrangement « La maison qui rend fous » des « 12 travaux d’Astérix ». Finalement, à force de persévérance, ça fonctionne, la preuve…
Ultime préoccupation vitale pour tout homo sapiens qui se respecte : les contacts sociaux. Facilités par le réseau de l’Ecole belge ! Les enseignants, de nombreuses nationalités différentes, sont voyageurs et jeunes, pour la plupart. Des points communs qui facilitent la création de lien d’amitiés. En ce qui concerne les locaux, ils nous regardent avec méfiance malgré nos sourires et nos salutations. Nous n’en restons pas là : nous avons l’élément essentiel pour briser la glace : les enfants ! Dès qu’ils aperçoivent nos deux petits, leurs visages se décrispent et, enfin, le contact se créé. Adrien prend un plaisir fou à saluer tout le monde de la main. Au début, ce n’étaient que les militaires, gardes et policier (pour attirer leur sympathie car ils sont impressionnants), mais maintenant, on dirait qu’il s’entraine pour une campagne présidentielle. Qui sait… Pour les contacts toujours, nous avons trouvé pour ce dernier une petite école rwandaise. Trop jeune pour mon école qui n’accueille pas de pré-maternelles, il suit les « cours » de première avec les rwandais du quartier. Seul petit blanc de l’école, il a fait une entrée remarquée et s’est fait accueillir par tous. Il a déjà plein de copains, bien entendu, avec lesquels ils jouent au ballon ou cours d’un bout à l’autre du petit jardin. Il revient plein de terre et épuisé : nous pensons que ses matinées sont sportives ! Madame Jacquie, son institutrice congolaise, nous raconte ses exploits- comme si nous n’étions pas encore assez fiers de lui ! Ainsi, vous apprécierez certainement de savoir qu’il est le premier à répondre aux questions et à faire les exercices au tableau. Sa connaissance des animaux impressionne. Par rapport aux autres enfants, je pense que son passage chez Sophie, à la crèche, lui donne un avantage certain. Souvent, après la récréation, il n’a pas envie de retourner en classe alors il continue à jouer dehors. Pour les contacts, Lucie se contente pour le moment de sa nounou, Eugénie. Elles passent la matinée ensemble et semble bien s’entendre.
Voilà donc notre quotidien, tout ce qu’il y a de plus normal maintenant que nous avons nos repères…
3 commentaires:
Tout ça est super Ariane! Je suis bien contente de voir que les choses se placent à grand pas pour vous 4...Vivement tes prochains articles!
Bonne installation et intégration!
A bientôt
Leslie
Voilà de bonnes nouvelles, agréables à lire ...
Gros bisous à tous
Mandim
Bravo pour ce topo très réussi. Attention qu'un muzungu devient des bazungu!
Bonne continuation, bisous,
Mam
Enregistrer un commentaire