Jour 3 (jeudi)
Vu par Adrien : « Regardez tous ! Un
déserien ! » ; « J’ai rendez-vous demain à 7h du matin avec
ma copine Clara pour faire du surf sur les dunes »
Vu par Lucie : « Maman, on peut garder le bébé
tortue ? » et « Yahouououou ! C’est moi la plus
rapide ! »
Vu par Timothée : « J’ai peur ! Je veux
descendre ! Papa regarde ? Tout va bien papa, je m’amuse bien sur le
dromadaire ! » et « Salut, je vais jouer avec mon
copain ! »
Vu par Dimitri : « Excellent, ce parc. Il faut
absolument en faire la publicité. » et « Quelle est la technique pour
glisser sur la dune ? »
Vu par Ariane : « @%*#+$ ce vent ! » et
« Woauw, des dromadaires ! »
Réveillé de bonne heure (comme d’habitude) à l’Auberge et
après un bon petit déjeuner, nous rangeons vite nos affaires. Ensuite, nous
attendons. Heureusement que nous avons trois enfants passionnés de lecture,
cela rend les attentes agréables ! Après un long moment, finalement, la
voiture nous revient ! Et réparée en plus !
A cause de cette attente, nous sommes en fin de matinée
seulement sur la route. Nous embarquons le garagiste pour le déposer plus loin,
puis un professeur de français qui se rend au travail. Nous en profitons pour
poser encore des questions et nous renseigner sur le Sénégal.
Dimitri avait repéré dans le guide du Routard l‘existence
d’un parc naturel moins connu que celui du Djudj mais quasiment sur notre
route. Nous décidons d’aller le visiter ce matin. Le guide, qui semble n’avoir
vu aucun touriste depuis longtemps, nous réserve un accueil très chaleureux. La
visite commence immédiatement, à pieds ! Première fois que nous allons
voir des animaux en liberté hors d’une voiture, nous sommes enchantés. A peine
entrés dans le parc, nous nous arrêtons à l’enclot des bébés tortues. Elles
sont gardées dans cet enclos jusqu’à ce qu’elles atteignent une taille
« raisonnable » pour ne pas se faire manger par les rapaces. Lucie
est aux anges car le guide lui a mis un bébé tortue dans les mains. Un bébé de
deux ans tout de même ! Timothée est très impressionné aussi. Tout en
admirant ces petites merveilles, nous sommes nous-mêmes observés (admirés
peut-être ?) par d’autres créatures, nettement plus grandes : des
Oryx ! Ils sont superbes avec leurs très longues cornes et leur air
majestueux. Ils ne sont pas farouches du tout : les seuls contacts qu’ils
ont avec les humains sont calmes et respectueux. En plus, il n’y a aucun
prédateur pour eux dans ce parc. Ils sont donc totalement confiants et paisibles ! Le
parc a reçu 7 oryx en 1999 et en compte aujourd’hui… 92 ! Ils en ont tant
qu’ils en donnent à d’autres parcs animaliers. Cette espèce avait disparu du
Sénégal depuis 1845. Nous sommes admiratifs de cet excellent programme de
conservation !
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Oryx |
Nous admirons aussi des gazelles Dorcas, petites et
gracieuses. Le guide en profite pour nous rappeler ce joli compliment
sénégalais : « Voyez comme ces gazelles sont jolies. C’est pourquoi
nous appelons les jolies femmes les gazelles ». Et d’ajouter :
« Vous connaissez les trois sortes de gazelles sénégalaises ? »
Adrien se creuse la tête : gazelles Dorcas, oryx,… ? « Non,
répond le guide. La gazelle à 4 pattes, la gazelle à 2 pattes (dit-il en me
désignant) et… la gazelle gazeuse ! » Ah, on ne la connaissait pas
cette blague !
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Gazelles Dorcas |
La promenade dans le parc nous permet aussi d’observer les
traces d’autres animaux comme des vipères et des phacochères. Nous ne les
voyons pas car la matinée est déjà trop avancée. Nous sommes fouettés par le
vent chargé de sable. Le vent du nord, qui arrive du désert de Mauritanie. Un
vent chaud, fort, incessant… Le ciel est caché par tout le sable qui vole,
l’horizon semble bouché également. En quittant le parc, nous apercevons une
grande tribu de singes. Sur la route, Adrien crie « Oh, un
déserien ! » et nous cherchons dans le paysage la trace de vie qu’il
a repérée… Nous n’apercevons qu’un homme, un Touareg semble-t-il, marchant au
milieu de nulle part. Une petite leçon de vocabulaire s’ensuit pour Adrien…
Plus loin, ce sont des dromadaires qui nous occupent. Il y en a des dizaines,
paisiblement en train de manger les feuilles d’acacias et autres arbuste.
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Promenade dans le parc, on devine l'air chargé de sable... |
Nous roulons jusqu’au village de Lompoul, où nous avions
prévu de manger. Euh… ce sera difficile vu qu’il n’y a rien. Nous achetons deux
baguettes à la boutique du village et mangeons notre pain sec en attendant le
4x4 du Lodge. Nous avons passé plusieurs appels sur la route pour vérifier que
nous étions bien attendus. Il y eu un
souci au Lodge et toutes les tentes sont prises, sauf une ! Ils nous
proposent de nous y installer tous les 5, cela nous convient parfaitement !
Le pickup vient nous chercher et nous embarquons avec nos valises. Le chauffeur
va à toute vitesse, connaissant par cœur chaque dune, chaque arbuste, chaque
bosse de la piste. Les enfants
s’éclatent comme sur des montagnes russes !
Arrivés au campement du désert, nous portons nos bagages
jusqu’à la 4 tente. C’est une épreuve physique en soi : descendre la
grande dune avec nos lourdes valises ! Notre tente est magnifique :
une natte au sol, trois matelas par terre, deux lits en bois, une table, des
chaises, une étagère… quel confort pour un « campement » en plein
désert ! La salle de bain est ingénieuse : une bâche sur le sol
empêche le sable d’y entrer. Un petit trou d’évacuation d’eau au milieu de la
bâche et un pommeau de douche accroché au poteau central de la petite tente.
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Le campement |
Nous nous installons rapidement : il fait torride là-dessous ! Mais
nous préparons déjà tout ce dont nous aurons besoin pour la nuit. En effet, il
n’y a pas d’électricité .
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Notre tente |
Nous remontons la dune vers le restaurant//bar pour y
prendre un thé sénégalais (même si on a passé l’heure). Nous sommes surpris de
voir le serveur débarquer avec un verre de jus de mangue… Ah, c’est Timothée
qui a commandé, tout seul ! Bon, nous devons avoir notre benjamin à l’œil,
s’il commande déjà au bar ce qui lui plait…
Adrien et Lucie trouvent des planches de surf et démarrent
très vite ce qui sera leur principale activité pendant notre séjour dans le
désert : le surf de sable ! Dimitri, Timothée et moi nous y essayons
aussi. Pas évident de trouver la bonne technique pour glisser et ne pas
enfoncer la planche dans le sable. Ce qui est totalement épuisant, c’est de
remonter la dune ! Adrien et Lucie se font déjà des amis.
Le campement
ressemble un peu à un camp scout mais avec des participants de tous les âges.
En cette après-midi, les parents se détendent au bar, les enfants surfent sur
les dunes (et Dimitri et moi nous partageons entre les deux activités). Toute
l’ambiance change quand un homme du village arrive avec trois dromadaires.
Les adultes s’organisent pour que chacun
puisse faire une promenade. Pour notre famille, Dimitri et Adrien partent les
premiers, sur le 3è dromadaire. Ils se promènent pendant que
Timothée, Lucie et moi prenons un petit goûter. A leur retour, je pars avec
Timothée et Lucie, qui ne sont pas rassurés. Je les tiens le plus fermement
possible pour qu’ils aient moins peur. Timothée veut quand-même descendre. Il
est fatigué, on le promène dans le pays depuis trois jours maintenant, il dort
peu… cette histoire de dromadaire est la goutte d’eau qui fait déborder le vase
pour lui ! Mais une fois en route, pas moyen de redescendre. Nous faisons
une mini-promenade et au retour, dès qu’il aperçoit son papa, Timothée change
complètement d’attitude. « Ah, on arrive ! C’est presque fini !
Salut papa ! T’as vu ? Je suis sur le dromadaire ! Non, je n’ai
pas peur ! C’est chouette ! » et en prime, il sourit pour la
photo ! « Saï Saï » (coquin) dit-on par ici…
Nous arrachons les enfants 20 minutes à leurs jeux pour les
laver (les dé-sabler !) puis les laissons aller à nouveau… et se rouler
dans le sable à nouveau ! Nous avions demandé le repas tôt, n’ayant rien
mangé de consistant depuis le petit déjeuné et constatant l’état de fatigue des
enfants. « 19h ? D’accord » m’avait-on répondu. Et à 19h, nous
nous installons au bar, attendons le repas en prenant l’apéro. Finalement, nous
l’attendrons jusqu’à… 22h! Bien oui, on est servi comme tout le monde, et les
adultes français en voyage dînent tard. Merci pour les enfants… Heureusement,
l’attente est bien remplie (par un grand « cache-cache noir » pour
les enfants) et par un concert des wafa pour nous ! Très bon groupe
originaire de notre région (de Mbour pour être exacts) avec d’excellents
percussionnistes et de très bonnes voix. Nous dînons ensuite dans une tente,
avec des américaines charmantes, entre la table des wafa et la table du groupe
de retraités français. Bonne ambiance !
Nous nous endormons baignés par les chants doux
et mélodieux des wafas, qui dorment dans la tente voisine. La nuit est
mauvaise, encore : certains touristes n’ont pas compris le principe du
respect nécessaire à la vie communautaire. Ils regagnent leurs tentes à une
heure indécente en hurlant. Heureusement
qu’on n’avait pas prévu de se reposer !