Pour ma part, j’avais signé un contrat pour deux ans, consciente de tous les avantages financier que deux années supplémentaires représentaient. Prêts à nous embarquer pour 4 ans sur place, nous essayions de voir le bon côté des choses pour tout.
Mais… La vie en appartement sombre, avec vue sur un parking nous plaisait moyennement. Les prix exorbitants dans les supermarchés (et partout) nous énervaient, le bruit et la pollution de la ville nous stressaient, la corruption et les déchets nous exaspéraient. Chaque trajet, à pied ou en taxi cabossé, était devenu épuisant. L’approche des élections nous angoissait. Mon travail me vidait complètement. J’avais cette impression qu’on souvent les enseignants : La sensation de me battre contre la terre entière pour que quelques élèves aient un peu plus de plomb dans la tête. Tout ça pour quoi ? Finir à genoux chaque jour, sans voix, le dos en compote, les nerfs à vif. Et bien entendu, comme toutes les profs, en me tuant ainsi à la tâche, je ne faisais « que » mon métier. Les élèves me le reprochaient, les parents en demandaient tellement plus,… Au bout d’un moment, c’est dur psychologiquement et physiquement d’être dénigrée en permanence.
Mais les calculs de budget nous encourageaient à mordre sur notre chique encore un an au moins ou trois si possible.
Pourtant… Ceux qui nous connaissent bien savent où sont nos valeurs. Ce n’est pas un contrat « en or » qui nous fera les perdre !
Aussi, lors d’une soirée de déprime, j’ai envoyé deux cv comme des bouteilles à la mer. Pas de lettre de motivation, de copies de mes diplômes ni de références. Je n’étais même pas sure de vouloir enseigner encore. Vite oubliés ces mails pour ailleurs. Le travail a repris de plus belle et les projets financiers aussi. Après deux mois d’hésitations, j’ai finalement annoncé à la grande directrice que nous resterions un an de plus. Mais nous n’en étions pas si heureux. Malgré cela, nous tentions de reprendre notre habitude de ne voir que le bon coté des choses.
Trois jours après, je reçois un mail : « Suite à votre candidature, j’aimerais m’entretenir avec vous par Skype ». Euh, quelle candidature ? Lycée Jacques Prévert de Saly ? C’est où ça ? Une rapide recherche Google et… Wow ! Nous nous mettons à rêver devant les plages et les cocotiers. C’est clair que comparé à la Gombé River dans laquelle s’amoncellent les déchets, y a pas photo. Quelques entretiens, mails questions-réponses et des insomnies pleines de doutes et d’hésitations s’ensuivent. Oui mais… notre plan et nos projets. Oui mais… rentabiliser les cours préparés cette année ! Oui mais… les copains des enfants. Oui mais… nous sommes à peine installés ! Oui mais… Cela me ferait quitter un contrat « expat » pour un contrat « local ». Oups.
Trop de doutes, d’hésitations. Eclairés (et pas du tout influencés, non non) par nos voisins/amis/voyageurs préférés, suivant notre intuition, nous laissant porter par le Grand Vent du Changement… nous avons décidé de faire le grand saut ! Grand saut car techniquement impossible de tenir financièrement avec ce contrat. Mais avec des si, on y arrivera !
Le jour où nous avons décidé de tenter l’aventure sénégalaise, nous avons eu la sensation de revenir 7 ans en arrière, quand nous avons tout quitté pour partir avec nos sacs à dos et Adrien en porte-bébé. La sensation que rien ni personne ne nous dictera nos vie, pas même les finances. Ce sentiment incroyable, cette conviction profonde que nous sommes LIBRES, libres envers et contre tout ! Tant que nous sommes tous les 5, peu importe le pays, nous serons heureux. Revenir à l’essentiel, ça fait du bien ! Et aussi et surtout revenir à nous-mêmes : nous sommes des aventuriers ! Nous sommes des voyageurs !
Nous disons toujours OUI aux nouvelles découvertes, nouvelles rencontres, nouveaux pays, nouvelles coutumes, nouveau système d’enseignements, nouveau logement, nouveau cadre de vie, nouveau climat, …
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