dimanche 7 septembre 2014

Partir


« Puisque l’ombre gagne, puisqu’il n’est pas de montagnes, au-delà des vents plus hautes que les marches de l’ennui… Puisque tu pars… », chantait notre bon vieux JJG.
Partir peut sembler un excellent échappatoire pour celui qui se sent coincé dans son quotidien. 
Partir peut sembler lâche pour celui qui se sent le devoir de rester à tout prix.
Partir peut sembler risqué pour celui qui a besoin de la sécurité de son foyer.
Partir peut donner envie, faire rêver, réveiller des frustrations, attiser les jalousies, effrayer, 





Voici notre avis de personnes « habituées à partir ».
En fait, non, on ne peut jamais s’habituer à partir.
Quitter sa terre natale pour vivre ailleurs est toujours un déchirement. Car quitter notre Belgique, c’est quitter notre climat de naissance (si pénible soit-il parfois), notre culture, notre chocolat, nos bières, nos frites, notre Roi, nos politiques absurdes, nos champs et nos forêts, nos voisins et notre village, notre maison surtout !, nos magasins, nos habitudes,… Mais aussi et surtout quitter nos parents, nos frères et sœurs, nos grands-mères, nos amis de longues dates, nos nouvelles connaissances avec lesquelles on a encore tant à découvrir, les amis de nos enfants,… et ça, voyageurs ou pas, c’est toujours dur à vivre.

Partir, c’est se mettre en danger, se lancer dans l’aventure, quelle que soit sa forme ! C’est plonger dans l’inconnu, seul ou en famille, mais toujours sans filet. « Filet ? », me direz-vous. Oui, le filet de notre cocon d’origine. Un problème au travail, un soucis de santé, une inquiétude, un ennui : quand on est chez soi, on a des repères, des points d’appuis, des ressources. On sait à qui s’adresser en toutes circonstances, à qui se confier, où trouver du réconfort. Mais lorsqu’on est seul –ou en famille- à l’étranger, tout prend d’autres proportions ! On peut bien sûr appeler une maman au pays, mais son aide ne sera pas équivalente à celle qu’elle pourrait apporter en étant sur place. Tout devient plus inquiétant : être confrontés au système médical, dans une autre langue souvent (oh, souvenir d’Inde ou de Malaisie…), aux autorités locales (oh douloureux souvenir de Bolivie), aux corps de métier en tout genre (confieriez-vous aisément votre voiture à un garagiste congolais par exemple ?).

Partir, c’est aussi redémarrer à zéro. Avec ce que ça a de bon et de difficile aussi. Se définir à partir de rien, faire de nouvelles connaissance mais aussi se faire connaitre et se livrer, ou pas, à des personnes qu’on vient tout juste de rencontrer. C’est attendre des semaines, voire des mois, pour se faire inviter enfin, se voir proposer l’activité organisée par notre groupe d’âge, avoir des numéros de téléphones locaux dans son répertoire, voir ses enfants se faire inviter aussi, …

Quand on s’expatrie, on prend tout en vrac, pas question de laisser une part sur le coté. On vit le déchirement de dire au-revoir en quittant notre pays d’origine et, en même temps, on sent l’excitation et l’adrénaline de la nouvelle aventure qui démarre. On a des moments calmes au début, puis d’interminables soirées de discussions par la suite. Sachant aussi que ces nouveaux voisins, collègues, parents d’amis des enfants,… ne le seront plus jamais quand, à nouveau, nous partirons.  

« …Et puisque nous t’aimons trop pour te retenir… » Merci de nous laisser partir, nous qui en avons tant besoin !

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